Pierre Boënnec

Un club et ses racines : des valeurs et des hommes

Pierre Boënnec, mémoire des Cormorans

Préposé aux entrées du stade durant 35 ans, vice-président puis président d’honneur, Pierre Boënnec connaîssait tout sur le club de foot de Penmarc'h qui a fêté son centenaire en 2022.
Pierre Boënnec est né en 1920, l’année de la création du club. Un signe. Il connaît sur le bout des doigts Les Cormorans, le club de foot de Penmarc'h (Finistère). Il raconte cette histoire avec passion, l’œil éclairé de bonheur.
Des photos d’archives, textes et coupures de presse… Pierre Boënnec, jusqu'en 2023 date de son décès, était la mémoire vivante d’un club à la vie si intense. Comme la sienne.« Les Cormorans ont été fondés le 15 novembre 1920, démarre-t-il. Sous l’impulsion du maire Pierre-Jean Larnicol. À l’époque, il y avait plusieurs équipes à Penmarc’h : les gars de Poulguen, du bourg, de Kérity, de Saint-Gué… Ils avaient des cailloux dans les poches ! »

La naissance du club
Le verbe précis, il revient sur les premières années du club : « Eugène Jacob, joueur et dirigeant de l'équipe, organisait des parties de pêche à proximité du port de Saint-Guénolé avec son canot. Un beau jour, il emmena avec lui Jean-Julien Lemordant, peintre renommé, qui avait une petite villégiature à Saint-Guénolé. Grand blessé de guerre, sa vision de guerre ne l'empêcha pas, pendant la pêche, d'apercevoir une bande d'oiseaux noirs survolant les flots en file indienne, des cormorans. Il les compta, il y en avait onze, et dit à Eugène : "Tiens, tu cherches un nom pour ton équipe de football ? Voilà une équipe qui passe !" Ce à quoi Eugène répondit : "Et pourquoi pas ? Cela ira bien : les Cormorans Sportifs de Saint-Guénolé !" Aussitôt dit, aussitôt fait. »

À 15 ans, il vend les billets
L’histoire du stade de Keryet, les matchs de championnat dès 1927… Dès 7 ans, le jeune Pierre commence à taper dans le ballon. Six ans plus tard, il sera chargé de tracer les lignes du terrain.« Puis à 15 ans, j’assurais la billetterie d’entrée au stade. Je l’ai fait jusqu’à mes 50 ans ! » Bénévole au service d’un club dont il n’aura été joueur que peu de temps.
Sportif et... résistant
« Je travaillais à l’usine depuis l’âge de 13 ans. Ouvrier, j’y étais aussi parfois le dimanche. » Toutefois, Pierre « rendra service » en équipe réserve, en tant que gardien de but : « J’avais entre 17 et 19 ans, j’aurais aimé continuer à jouer mais mon métier m’en empêchait. Je faisais 90 heures par semaine. »
Puis, durant l’Occupation, en dehors du terrain et de l’usine, il y aura la Résistance, au sein du réseau Vengeance.
Les joueurs dont il se souvient
Des matchs mémorables à Keryet ou en déplacement, mais aussi au stade municipal, dès 1961… Pierre Boënnec en cultive quelques-uns dans sa belle mémoire. Ces années 1960-1970, liées à des noms qui ont porté les Cormorans en haut de l’affiche, tels Antoine Pascual, Tintin Nédélec, Sagna, Chevalier, Bloc’h…Trésorier depuis l’âge de 20 ans, Pierre passera la main, en 1970, pour la vice-présidence du club. En parallèle, l’ex-ouvrier d’usine est devenu directeur de la conserverie Lebeaupin…Une fonction qui l’obligera, faute de temps, à quitter la présidence de l’Amicale sportive de solidarité, qu’il a également portée depuis sa création.
" Les Cormorans, c'est ma vie "
En retraite depuis 1981, Pierre Boënnec est devenu alors président d’honneur des Cormorans sportifs de Penmarc’h : « Je suis content car j’ai fait tout ce que j’ai pu », disait-il humblement. Étalant sur la table les photos de chaque équipe première depuis 50 ans, qui lui ont servi à rédiger l’ouvrage des 100 ans de l’association. En 2020, l’année de son propre centenaire. De la camaraderie, un club apolitique, l’amour du foot bien sûr… « Les Cormorans, c’est une histoire sportive évidemment, mais surtout humaine. C’est toute ma vie. »
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