Le Match Du Siècle
Pierre Boënnec nous raconte "le match du siècle" en pays Bigouden....
Dimanche 15 novembre 1970
15 NOVEMBRE 1970 : PENMARC’H-LE GUILVINEC PLUS DE 4 500 SPECTATEURS EN PH
QUAND LE FOOT DECOIFFE
Dans les années 70 le monde de la pêche se porte bien, les ports connaissent une pleine activité économique et cela rejaillit sur le foot. L’aisance du football est toujours liée aux essors économiques.
Ainsi le pays bigouden, n’est pas avare dans ses investissements, Le Guilvinec s’offre comme entraineur l’ex pro de Sochaux, André Malouema, et Penmarch, celui de Rennes, Antoine Pascual. Les deux clubs, les
Cormorans de Penmarc’h et les crabes de l’US Guillvinec se disputent, cette saison 70/71, la première place dans leur championnat de Promotion. La supériorité des ports des côtes bigoudènes est en jeu. Le pays tout entier est mobilisé pour le derby maritime (5 km entre les deux ports) qui le 15 novembre 1970
entre dans l’histoire.
4 500 spectateurs prennent place (certains sont même venus dès le matin), autour du stade, dans une ambiance, à la fois tendue et détendue, entretenue, dans la joie et la bonne humeur, par des supporters des deux ports et d’ailleurs. 18 000 anciens francs entreront dans les caisses du trésorier.
Et la rencontre ouverte tint toutes ses promesses : Le Guilvinec mena par trois buts d’avance, mais en définitive les Cormorans resteront maitre sur leur aire et l’emporteront par 4 à 3 grâce aux réalisations de Castric, Bodéré, Le Rhun et Olivier.
Un grand pas, vers l’ascension consolidé par une victoire au match retour, toujours devant plus de 4 000 spectateurs. ils s’assuraient pratiquement l’ascension.
Les Cormorans prenaient ainsi leur envol vers la 3eme division qu’ils atteindront, plus tard, y ferons nid quelques saisons avec des joueurs tels que Mahi, Kerbiriou, Saga… et des gens du cru, mais, comme Icare, ils s’y bruleront les ailes, s’écroulant dans un abîme financier qu’ils ont mit plus de vingt ans à combler.
Parmi les 4 000 spectateurs de la rencontre aller, le poète Georges Perros (voir billet ci-dessous). Son compte rendu est paru, le lendemain dans le journal « Le Télégramme » et par la suite dans son recueil de correspondance « Faut aimer la vie » (EIBEL/FANLAC)
Ecrivain et poète qui résidait à Douarnenez, Georges Perros était un "passionné du football, ce condensé d'humanité" tel qu'il se plaisait à le définir.
L’auteur des « Poèmes bleus » était présent le dimanche 15 novembre 1970 à Penmarch pour le derby maritime entre l’équipe locale et le Guilvinec.
Il en écrivit la rubrique, ci-dessous , dans Le Télégramme.
« Il y a beau temps que je n’avais assisté à un match de football avec plaisir. Beau temps que l’imbécile chauvinisme des foules, l’extrême brutalité de certain joueurs m’avaient dégouté, empêché de jouir d’un spectacle qui n’aurait jamais dû cesser d’être un divertissement, une occasion d’être heureux. J’ai renoué dimanche dernier avec ce bonheur, cette légère euphorie, ce rire intérieur qui vous prennent quand la fête est complète. Et certes, elle le fut, sur ce terrain du bout du monde, dans cette merveilleuse plaque sensible qu’est le pays bigouden. Quelle gaieté chez les joueurs, quelle vivacité, quelle enfance ! Chacun y allait de tout son cœur, sans que jamais l’ombre d’une méchanceté, ou sotte agressivité, ne vint gâcher ou faire dégénérer leur goût de jouer. Quelle joie aussi chez les spectateurs qu’on aurait dit en grande famille, amoureux les uns des autres, participant avec cette bonne et riche humeur qui rendrait souhaitable les collectivités si elle n’était rarissime. Tout le monde était heureux d’être là, et le manifestait. Grâces soient donc rendues aux équipes de Penmarch et du Guilvinec. A leur fervent public. Et puisse l’exemple être suivi. Il en serait temps. »